Ah le trail ! L’appel de la nature et ses magnifiques paysages, les sentiers escarpés où chaque muscle est en éveil, prêt à s’adapter au moindre obstacle ! Que vous souhaitiez découvrir vos parcours de randonnée d’une autre manière ou simplement pimenter votre quotidien de runner sur route, le trail running a de quoi séduire !
Cependant, la pratique du trail demande un minimum de préparation pour faire face à des conditions diverses qui peuvent changer drastiquement d’une sortie à une autre. Les chaussures sont de loin le matériel le plus important que vous devrez acquérir pour commencer.
Dans cet article, nous passons en revue ce que sont les chaussures de trail, les critères importants qui différencient les modèles, les principales catégories de chaussures et nos conseils pour vous aider dans votre choix.
Les chaussures de trail, qu’est-ce que c’est ?
Ces chaussures sont faites pour courir en milieu naturel sur les chemins de terre et les sentiers de randonnées. La plupart des parcours de trail se situent en forêt ou en montagne. Le trail a beaucoup gagné en popularité ces dernières années en séduisant les coureurs souhaitant concilier amour de la nature et course à pied. L’une des courses de trail les plus célèbres est l’Utra-Trail du Mont Blanc. Elle fait le tour du Mont Blanc en passant par la France, la Suisse et l’Italie pour une distance totale de 171 km.
Elles sont idéales pour courir en pleine nature. Pour s’adapter aux conditions les plus exigeantes, elles affichent une configuration spéciale qui les différencient des chaussures de running pour la route.
Les critères importants pour bien choisir vos chaussures de trail
Pour bien bien choisir ses chaussures de trail, il faut faire attention aux critères suivants.
1. Confort
C’est prouvé (1) : plus les chaussures sont confortables, moins vous avez besoin d’oxygène lorsque vous courez. En d’autres termes, de bonnes chaussures confortables vous rendent plus efficace.
De nombreux facteurs entrent en jeu, mais tout se résume à ceci : vous devez essayer les chaussures et vous assurer qu’il n’y a pas la moindre gêne (et surtout pas de douleur).
L’ajustement doit être précis mais pas trop strict, et vous devez vous sentir stable à tout moment.
La forme est l’un des éléments les plus importants pour déterminer si une chaussure vous convient. Même si une chaussure est très populaire, elle ne vous sera d’aucune utilité si elle ne convient pas à la forme de votre pied.
De plus, un bon ajustement ne se limite pas à la taille en longueur et en largeur. Les pieds sont biomécaniquement complexes et un bon ajustement doit prendre en compte également d’autres facteurs comme, par exemple, la forme du pied et la hauteur de la voûte plantaire.
Chaque marque se distingue par une forme spéciale. Le mieux est de trouver des marques qui proposent des formes de chaussures adaptées à votre morphologie. Par exemple, la marque Altra propose des chaussures avec un avant-pied spacieux qui convient bien aux pieds larges.
2. Traction
La semelle extérieure d’une chaussure de trail dispose de crampons pour une bonne accroche sur les terrains très techniques, aussi bien en montée qu’en descente. Ceux-ci sont le plus souvent en caoutchouc dur (e.g. caoutchouc de carbone), pour une configuration naturellement adhérente et robuste.
Vibram est particulièrement apprécié pour sa performance et sa résistance à l’abrasion. Le caoutchouc Vibram MegaGrip est très populaire sur les chaussures de randonnée, et on le retrouve désormais également sur les chaussures trail. Néanmoins, de nombreuses marques préfèrent utiliser leur propre technologie (e.g. Saucony, Altra).
Différents types de crampons
Les crampons varient en fonction du type de terrain suivant deux critères :
- Leur profondeur, généralement comprise entre 3 et 5 mm
- Leur forme : les crampons sont le plus souvent en forme de flèches ou de chevrons mais ils peuvent être plus arrondis dans certains cas pour être compatible avec la course à pied sur route.
Ainsi, il existe des chaussures avec des crampons plus courts pour les sentiers faciles. À l’inverse, certains modèles ont des crampons plus longs et une semelle extérieure plus agressive pour la neige.
Dans l’ensemble, de nombreuses chaussures de trail ont pour objectif d’être adaptées à l’ultramarathon et offrent une configuration polyvalente permettant de gérer la plupart des terrains. C’est le cas de la Hoka Speedgoat 5, l’une des chaussures les plus populaires. Cette chaussure de trail présente une conception polyvalente avec des crampons de 5 mm sur sa semelle extérieure pour assurer une bonne traction dans les dévers, y compris sur les sols boueux et la neige.
3. Stabilité
La stabilité est un composé de l’adhérence de la chaussure et du maintien du pied. Si la semelle extérieure n’est pas assez adhérente pour le terrain que vous comptez affronter, vous risquez de glisser et de perdre l’équilibre.
De même, si le maintien du pied entre l’empeigne de la chaussure et la plateforme n’est pas assez serré, votre course risque d’être bancale sur un terrain irrégulier et, dans le pire des cas, d’entraîner une torsion de votre cheville. Par ailleurs, un bon maintien passe par une pointure adaptée à la taille et la forme de votre pied. Comme pour les chaussures de randonnée, il faut laisser un peu d’espace entre vos orteils et la pointe de la chaussure car votre pied va glisser lorsqu’il sera incliné en dévers.
4. Protection
Qui ne s’est jamais cogné l’orteil sur le coin d’une table ? Imaginez la même chose à pleine vitesse avec un rocher ou une racine sournoisement en embuscade. Les chaussures pour le trail protègent le pied des obstacles potentiellement dangereux que l’on peut rencontrer dans la nature, notamment dans les zones sauvages et mal balisées. Par exemple, elles comportent presque toutes un pare-pierre à l’avant.
Si la semelle intermédiaire est souvent suffisante pour une course confortable, certaines chaussures sont également équipées de plaques de protection pour plus de confort et de sécurité. C’est indispensable si vous avez l’intention de courir principalement sur des terrains rocailleux.
De plus, l’empeigne d’une chaussure de trail est solide pour éviter les déchirures dues aux impacts et aux éraflures. Il est courant de voir des pièces de renfort fusionnées ou cousues pour une protection supplémentaire. Les empeignes denses offrent une meilleure protection et durabilité, mais attention à la respirabilité !
6. Amorti
L’amorti d’une chaussure de trail dépend principalement de sa semelle intermédiaire. Celle-ci se compose de mousse pour atténuer les chocs et rendre la course plus confortable même lorsque le terrain est cabossé.
Le choix du niveau d’amorti est avant tout une question de préférence, mais cela peut aussi influencer votre performance dans certains cas. La réponse peut varier considérablement d’un coureur à l’autre en fonction de votre morphologie et changera au fur et à mesure que vous gagnerez en expérience et affinerez vos préférences.
Demandez-vous : est-ce que je préfère sentir le sol sous mes pieds, ou est-ce que je préfère éviter les chocs autant que possible ?
Dans l’ensemble, le consensus est qu’une chaussure bien amortie est préférable pour les longues distances, ne serait-ce que pour le confort.
Même un athlète comme Anton Krupicka, l’une des icônes du minimalisme au début de sa carrière, privilégie désormais les chaussures avec un gros amorti de La Sportiva. De même, Scott Jurek, le coureur d’ultra légendaire, a toujours gardé ses confortables Brooks Cascadia tout en figurant parmi les principaux protagonistes de Born to Run de Christopher McDougall, alors que le livre est une ode à la course pieds nus.
Néanmoins, pour vos sessions courtes, un amorti limité peut être plus tolérable. Par ailleurs, pour une compétition sur une distance courte, un amorti réduit peut se révéler plus efficace car la conduite sera plus dynamique.
Que dit la science ?
Une étude (2) a conclu que les chaussures minimalistes pouvaient augmenter le risque de blessure chez les athlètes pesant plus de 71 kg (157 lbs). Au-delà, il n’y aurait pas d’impact.
S’il s’agit de votre première paire de chaussures de trail running, nous vous recommandons d’opter pour un niveau d’amorti similaire à celui de vos chaussures de route. S’il s’agit de votre première paire de chaussures de course, il est sage de choisir un niveau d’amorti intermédiaire et d’affiner votre sélection ultérieurement.
7. Respirabilité
Lorsque la température monte, parce que c’est l’été ou que vous donnez tout lors d’une course en montagne, il est toujours agréable de sentir une légère brise caresser vos pieds. Malheureusement, c’est une expérience rare avec les chaussures de trail car la construction de leur tige protectrice présente un tissage serré pour protéger le pied des débris du sentier.
Si vous vivez dans une région où le soleil brille et la pluie n’est pas un problème, alors vous pouvez choisir des chaussures avec une tige fine et respirante pour éviter de surchauffer et de trop transpirer sur les sentiers.
La Brooks Cascadia 16 et la Nike Air Zoom Terra Kiger 8 sont de bons choix pour une respirabilité optimale.
8. Imperméabilité
L’empeigne des chaussures de trail running a tendance à avoir une texture fermée pour empêcher l’eau de pénétrer dans la chaussure. Les matières sont également déperlantes et conçues pour sécher rapidement.
Les chaussures de trail running protègent de l’humidité grâce à différents niveaux d’imperméabilisation. La plupart des tiges empêchent les petites quantités d’eau de pénétrer dans la chaussure, par exemple en cas de pluie légère ou de marche dans une flaque d’eau peu profonde. C’est souvent suffisant, d’autant plus que les chaussures trail sèchent rapidement.
Vous vivez dans une région pluvieuse et vous en avez assez d’avoir les pieds trempés à chaque course ? Dans ce cas, des chaussures de trail imperméables s’imposent. Le Gore-Tex (ou équivalent) peut être une bonne solution.
Sachez toutefois qu’aucun modèle n’est entièrement étanche au-delà d’un certain seuil.
La plupart des chaussures de trail (comme beaucoup de celles de notre sélection) sont également disponibles en Gore-Tex. Cependant, les chaussures imperméables sont plus lourdes et plus chères. Pour ces raisons, nous ne les recommandons pas forcément.
9. Drop (inclinaison du talon aux orteils)
Le drop du talon détermine l’élévation de votre talon par rapport à l’avant-pied. Si une chaussure mesure 30 mm à l’arrière et 26 mm à l’avant, la différence de hauteur est de 4mm.
Les tendances en matière de drop changent comme les saisons. Les drops élevés (10-12 mm) étaient très courants, mais ces dernières années, de plus en plus de marques ont opté pour des inclinaisons plus faibles (e.g. 5 mm).
Et, bien sûr, il y a Altra Running qui ne propose que des chaussures à drop zéro car ils affirment que c’est la seule configuration qui respecte la position naturelle du pied et l’anatomie du corps humain de manière générale.
En fin de compte, le rapport entre le talon et le drop est lié au confort. Il n’y a pas de vérité absolue, il s’agit donc d’une préférence personnelle. La seule étude contrôlée randomisée menée jusqu’à présent a conclu qu’il n’y avait pas de différences significatives dans le risque de blessure entre les différents niveaux de drop (4).
Notre conseil : choisissez quelque chose de standard (6-8 mm) et partez de là. En acquérant de l’expérience, vous découvrirez peut-être qu’un drop plus faible est plus confortable pour vous ou l’inverse.
Et la foulée ?
Le type de foulée est un paramètre qui peut avoir de l’importance pour les chaussures de running. Ainsi, il existe des modèles universelles et pour pronateur en fonction du mouvement de votre pied lors de la course.
Pour les chaussures de trail, les choses sont plus simples. Il n’y a tout simplement peu ou pas de chaussures pour pronateur.
Cependant, une chaussure de trail est par définition stable car elle propose un maintien du pied précis avec une plateforme un minimum rigide. Ainsi, le problème de votre type de foulée se pose moins. Néanmoins, si vous avez des problèmes de surpronation sur route alors il faudra tout de même faire attention à choisir un modèle encore plus stable.
Types de chaussures de trail
Le choix de vos chaussures de trail va dépendre des types de sentiers sur lesquels vous prévoyez de courir (e.g. chemins de terres, sentiers en montagne) et des types de pratique pour lesquels vous comptez utiliser vos chaussures (e.g. entraînement, compétition).
Les chaussures de trail-running se répartissent en trois grandes catégories.
Chaussures hybrides
Une chaussure de trail hybride a pour but de convenir aussi bien à la route qu’aux sentiers de trail faciles. C’est un bon choix si vous habitez à la campagne et que vous alternez fréquemment entre bitume et chemins de terre.
C’est le cas, par exemple, de la Brooks Divide (photo ci-dessus) qui a pour objectif de convenir à la route et aux terrains faciles. La New Balance Fresh Foam Hierro est un autre exemple de chaussure de ce type.
Cependant, l’inconvénient de ces chaussures est évident : elles peuvent tout faire mais pas aussi bien que des chaussures dédiées à chaque pratique. D’ailleurs, il y en a assez peu, ce qui reflète leur faible popularité.
Chaussures de trail légères
Les chaussures de trail légères sont conçues pour les surfaces naturelles relativement uniformes et sèches. Pensez aux route terreuse, aux chemins avec des graviers et aux trails en forêt bien dégagés.
En conséquence, ces chaussures affichent des crampons peu profonds et moins agressifs, ce qui est suffisant pour les sentiers faciles voire modérément difficiles.
Avantages
Inconvénients
Exemples de chaussures de trail légères : Salomon S/Lab Pulsar, Saucony Peregrine, Altra Superior.
Chaussures de trail pour l’ultra
On pourrait également les appeler des chaussures de trail techniques ou robustes. Ce type de chaussure a pour but de vous permettre de vous aventurer sur les terrains les plus ardus, notamment en montagne.
Ces chaussures sont résistantes et performantes avec une conception renforcée pour protéger vos pieds et durer longtemps sans se déchirer ou avoir des trous dans la semelle.
En conséquence, on trouve une tige solide avec une conception plutôt fermée pour éviter que l’eau ne puisse entrer dans la chaussure. Ces modèles sont généralement disponibles en version Gore-Tex.
Sur la semelle extérieure, on trouve des crampons puissants avec un motif agressif pour une accroche optimale dans toutes les conditions. Certaines paires disposent même d’une plaque de protection pour parer les obstacles pointus ou tranchants.
En termes d’amorti, les chaussures de trail pour l’ultra-trail ont des semelles épaisses pour amortir les chocs sur de longues distances. Tous les traileurs n’en n’ont pas besoin mais c’est une configuration généralement appréciée pour être confortable même en fin de parcours après plusieurs heures de course.
Enfin, notons que ces chaussures disposent dans la plupart des cas d’une bonne ridigité (comme les chaussures de randonnée) pour assurer une meilleure stabilité sur les sentiers difficiles. Cependant, cette rigidité peut varier d’un modèle à l’autre.
Avantages
Inconvénients
Exemples de chaussures d’ultra-trail : Hoka Speedgoat (photo plus haut), Salomon Speedcross, Brooks Cascadia.
Derniers conseils
Vous connaissez désormais les principaux critères à regarder à l’achat pour bien choisir une chaussure de trail ainsi que les principales catégories de modèles avec leurs avantages et leurs inconvénients.
Nous aimerions conclure en vous donnant quelques conseils précieux basés sur notre expérience et les retours de nos lecteurs et lectrices.
1. Alternez les paires
Comme l’a prouvé une étude de 2015 (3), alterner les paires de chaussures de running peut permettre de diminuer le risque de blessure. Le mécanisme n’est pas évident mais on on peut supposer que le fait d’habituer son corps à courir avec différents types de chaussure lui permet de mieux s’adapter.
Par exemple, une bonne solution est d’opter pour un modèle pour l’entraînement quotidien et un autre pour vos courses officielles ou vos sessions plus rapides.
Il n’y a pas de raison de se priver si vous comptez pratiquer le trail sur le long terme car une bonne chaussure de trail durera au minimum 500 km dans tous les cas. Alterner ne fera que retarder le moment où vous devrez remplaces vos chaussures.
2. Demandez conseil aux professionnels
Soyons honnêtes : tous les vendeurs ne se valent pas. Cependant, certains sont des mines d’informations et prennent plaisir à partager leur expérience avec leurs clients.
En leur expliquant ce que vous recherchez, ils pourront vous guider vers la chaussure idéale.
Au fil du temps, ils pourront affiner leurs recommandations en fonction de vos retours d’expérience.
Par ailleurs, les coachs en course à pied/trail running peuvent également vous aider dans votre recherche d’équipement. Ils sont aux premières loges lorsqu’il s’agit d’évaluer votre pratique et ils pourront donc vous donner des conseils très pertinents car personnalisés.
Enfin, certains polologues sont également très compétents et connaissent suffisament bien les différents modèles de chaussures pour vous aiguiller dans la bonne direction si vous avez besoin d’aide.
3. Attendez les soldes
Le budget peut être un critère important lorsqu’il s’agit de choisir ses chaussures. Une bonne paire de chaussures de trail peut facilement coûter dans les 150 euros neuve. C’est une somme importante, notamment si vous débutez et que vous n’êtes pas sûr de ce dont vous avez besoin (ou même de combien de temps vous allez continuer !).
Heureusement, les marques sortent de nouvelles versions de leurs chaussures chaque année et il est donc courant de trouver les anciennes à bas prix. Ainsi, il n’est pas impossible de trouver un très bon modèle à moins de 100 euros lors des promotions !
Vous connaissez désormais les principaux points auxquels faire attention lors du choix de vos chaussures de trail. Pour aller plus loin, nous vous invitons à consulter notre sélection des meilleures chaussures de trail 2024 pour découvrir des modèles appréciés à l’unanimité.
Références
Improved footwear comfort reduces oxygen consumption during running
Luo et al. (2009). Footwear Science.
https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/19424280902993001
Heavy runners risk injury in lightweight running shoes
University of South Australia (2017)
https://www.unisa.edu.au/Media-Centre/Releases/2017-Media-Releases/Heavy-runners-risk-injury-in-lightweight-running-shoes/#.Wlc5ulWnFhH
Can parallel use of different running shoes decrease running-related injury risk?
Malisoux et al. (2015). Scandinavian Journal of Medicine.
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/24286345/
Influence of the Heel-to-Toe Drop of Standard Cushioned Running Shoes on Injury Risk in Leisure-Time Runners A Randomized Controlled Trial With 6-Month Follow-up
Malisoux et al. (2016). The American Journal of Sports Medicine.
https://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/0363546516654690